PRÉFACE
QUI EST L’OMBRE JAUNE ?

Mongol – ou Mandchou, ou Chinois, on ne sait exactement –, il se prétend vieux de plusieurs siècles et descendant de l’empereur Ming Tai Tsou. De haute taille, le crâne rasé, il est presque toujours vêtu d’un costume sombre de clergyman. Ses yeux jaunes, couleur d’ambre, possèdent un pouvoir hypnotique auquel il est difficile d’échapper. Sa main droite, postiche, est un chef-d’œuvre de technique. Il l’a eue tranchée au cours d’un combat contre Bob Morane.

Principal ennemi de Bob Morane, Ming ne peut s’empêcher d’éprouver un sentiment d’admiration pour lui. L’Ombre Jaune, qui est le surnom que monsieur Ming se donne lui-même, connaît toutes les langues vivantes et mortes. Son savoir est universel. Sa science est en avance sur toutes les connaissances humaines. Il est le chef du Shin Tan (Vieille Chine), mouvement apolitique qui veut dominer le monde pour forcer les hommes à retourner à un état plus proche de la nature. Mais, pour y arriver, Ming ne croit qu’à la violence, et il use des pires moyens. Grâce à sa science, il a pu porter sa lutte dans les espaces interplanétaires, ou à travers le Temps. Ses complices habituels sont les dacoïts, tueurs professionnels fanatisés et dont l’unique arme est le poignard. Il lui arrive également d’employer des étrangleurs thugs. Ses richesses sont illimitées et il les accroît encore quand l’occasion s’en présente.

La nièce de Ming, Tania Orloff, jeune Eurasienne d’une grande beauté, est secrètement éprise de Bob Morane. Bien que condamnée par serment à être la complice de son oncle, elle aide en sous-main Bob Morane à le combattre.

L’Ombre Jaune a réussi à mettre au point ce qu’il est convenu d’appeler un « duplicateur » de matière.

Pour parvenir à ce résultat, Ming s’est basé sur les travaux des savants américains. Ceux-ci, se servant d’énergie brute comme élément de départ, étaient parvenus à créer de nouveaux électrons. Ils avaient bombardé un morceau d’acier à l’aide de rayons X produits par des atomes de tungstène désintégrés, pour obtenir finalement des atomes de matière nouvelle.

Travaillant à partir de cette découverte, Ming s’était rendu compte que si l’on faisait passer un courant électrique d’une intensité précise à travers un objet, on créait un champ de force invisible, composé de lignes d’énergie qui formaient une façon d’image, également invisible, de l’objet. Or, qui dit énergie dit matière.

Ce double énergétique n’était pas une image inversée, semblable à celle d’un miroir. C’était une image absolument identique à celle de l’original, une sorte de fantôme qu’il ne restait qu’à faire se matérialiser.

Faire se matérialiser un fantôme. Tel fut le but de Ming. Il y parvint en mettant au point un appareillage compliqué permettant de transmettre à distance, le long d’un flux d’ondes magnétiques, le double de l’objet à reproduire. Pour cela, il imagina deux globes jumelés. Dans l’un était disposé l’objet à reproduire, à travers lequel il faisait passer un courant électrique. Le champ de force ainsi obtenu était transmis, grâce à un flux d’ondes magnétiques, à l’intérieur du second globe. Là, un faisceau de nouvelles ondes magnétiques était projeté, de façon à couper à angle droit les lignes de forces composant le « fantôme » de l’objet. Aux points d’intersection des lignes de forces et des ondes se formaient de petits nœuds d’énergie, électrons et protons occupant, les uns par rapport aux autres, des positions exactement semblables à celles des électrons et protons de l’objet original.

Quand Ming eut réussi à mettre définitivement au point son appareil, il était en mesure de copier n’importe quel objet. Pour cela, il lui suffisait, par exemple, de déposer un chandelier sous le globe émetteur pour, au bout de quelques secondes, en voir se matérialiser un second – en tous points semblable – sous le globe récepteur. Il était donc en possession de deux objets absolument identiques. On peut voir tout de suite les avantages d’une telle invention. Avantages dont le Mongol ne manqua pas de profiter. Il put désormais multiplier à l’infini les objets précieux, l’or, les joyaux qui vinrent accroître encore sa fortune déjà immense… Jusqu’au jour où il conçut le projet de se servir de cette machine pour créer le « duplicata » d’un animal.

Il essaya tout d’abord avec des cobayes et des souris. Il croyait obtenir des doubles morts. Il n’en fut rien. En ce cas, le transfert de la matière se faisait avec le corollaire de celle-ci, c’est-à-dire la vie. Des chats furent « copiés » de la même façon, puis des chiens. Faisant alors construire des machines plus spacieuses et de formes plus appropriées, Ming appliqua son procédé à l’homme. Avec un succès total.

L’idée lui vint alors de se servir du « duplicateur » pour assurer sa survivance en cas d’accident. Là, deux difficultés se dressèrent. La première était que, pour rendre possible la création de matière à partir d’énergie, il fallait que l’objet à copier reposât sous une cloche qui le tînt à l’abri des influences extérieures. Or, un accident ne se produit jamais sous une cloche. Seconde difficulté : si le double se formait après la mort, même immédiatement après, il serait également privé de vie.

Après avoir envisagé différents procédés, Ming devait finir par trouver une solution au problème : se servir de relais. Pour cela, il lui suffisait de disposer, dans des cachettes secrètes disséminées un peu partout dans le monde, des copies de lui-même fabriquées préalablement et étendues sous des globes émetteurs de matière. Ces copies-relais devaient être maintenues continuellement en état d’hibernation par l’injection d’un liquide projeté à l’intérieur de l’organisme par des pompes spéciales… Enfin, l’alimentation en énergie électrique était assurée par des génératrices atomiques capables de fonctionner durant des années sans aucune intervention extérieure. Dans les environs plus ou moins lointains de chacune de ces cachettes secrètes, une demi-douzaine d’autres seraient établies, contenant, elles, des appareils récepteurs de matière destinés à la création des copies finales. Bien entendu, ces récepteurs étaient programmés de façon à ne pouvoir fonctionner qu’un à un, afin qu’une seule copie soit produite à la fois.

Restait à imaginer le dispositif destiné à rendre automatique le fonctionnement du « duplicateur » en cas de mort. À la base du crâne, Ming s’était donc inséré une petite olive de métal. Il s’agissait en réalité d’un minuscule émetteur d’ondes alimenté par les impulsions électriques du cerveau. Au moment de la mort, ce signal était interrompu, ce qui mettait aussitôt en marche le dispositif de duplication.

Pour parachever ce rapide portrait de monsieur Ming, il faut rapporter ce qu’un jour Mao Tsé Toung avait, en privé, déclaré à son sujet : Il est au tigre royal ce que le tigre royal est au tigre de papier.

 

Les Nuits de l'Ombre Jaune
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